Richard Fath

Sculpteur animalier, médailleur, peintre et graveur, Richard Fath entre en 1924 à l'Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris où il s'inscrit dans les Ateliers de sculpture de Falguière, Mercié et Boucher. Il apprécie particulièrement l'enseignement de son professeur Jean Boucher qui défend l'art figuratif et plus précisément le néo-réalisme. Dans cet Atelier, il côtoie notamment Paul Belmondo, Evariste Jonchère, Edouard-Marcel Sandoz. Il fréquente alors assidûment les musées parisiens, à commencer par Le Louvre où il voit et revoit les œuvres majeures des anciens, observe, dessine, peint.

Dès cette époque, il sculpte selon son cœur, traduit ses sensations simblement et spontanément, mais aussi avec une ferme énergie et une joyeuse opiniâtreté. Cette constante ne cessera de le guider tout au long de sa carrière. En 1925, il commence à exposer des œuvres au Salon des Artistes Français et à l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes à Paris où il obtient un diplôme d'honneur. En 1927-28, il devient Sociétaire du Salon des Artistes Indépendants et il expose au Salon des Artistes Français. Entouré de chiens depuis sa plus tendre enfance, il s'oriente vers la sculpture animalière. Il réalise en plâtre son premier portrait canin, celui de Finette, la chienne de ses beaux-parents. Dès la fin des années 20, il s'affirme dans le répertoire animalier et, en 1932, il expose au Salon des Artistes Français la Statue de Charlie, superbe dogue allemand qui lui rapporte une mention honorable. Il fréquente alors la Société Centrale Canine, organisatrice chaque année à Paris de grands rassemblements canins nationaux et internationaux. Il va nover là des amitiés sincères et durables et il sera le seul sculpteur de son temps à bénéficier, de manière constante durant 27 années, des commandes de clubs canins de France, d'Europe, du Canada et des Etats-Unis. La presse spécialisée qui de temps à autre reproduit des ceuvres de l'artiste, contribue à asseoir sa popularité.

Toutes ses représentations en plâtre, terre cuite ou bronze, généralement de petites dimensions, sont réalisées en trois dimensions, ou en bas-reliefs, ou encore sous forme de plaquettes ou de médaillons. Bientôt l'artiste complète son mode d'expression par des médailles et des insignes qui l'amènent à travailler avec les artisans graveurs du Marais. A partir de 1933, il expose quelques plâtres et bronzes de chevaux dans le cadre du Concours Hippique de Paris, en particulier, Domino II, Bois de Rose, L'arrivée de course. La critique salue le modelé et l'équilibre. Mobilisé en 1940, Fath effectue à pied la retraite de Charleville-Mézières à Limoges. Sa conduite lui vaut la Croix de guer-re. Il retrouve les siens et se remet au travail.

Mais la France est ruinée et la matière première se fait rare. Ne pouvant disposer que de terre et de plâtre, Fath s'adapte. Il réalise des décors pour le cinéma et fait des moules pour la Réunion des Musées Nationaux. Il fréquente alors les Galeries et les allées du Parc Zoologique du bois de Vincennes et le Muséum d'Histoire Naturelle. Ainsi naît une collection de terres cuites représentant divers animaux sauvages dont est exclu tout affrontement ou violence. Après la guerre, il confirme sa spécialité de sculpteur animalier et reçoit de nombreuses commandes privées. Richard Fath s'est toujours tenu à l'écart des tendances de son époque. Volontaire, très indépendant, toujours souriant et courtois, il refusait tout carcan, toute mode et préférait la vérité ressentie. Il regardait le travail des maîtres seulement pour comprendre leurs interprétations et essayait de comparer avec sa vision et sa compréhension propres. Son caractère le rapprochait de la nature et, particulièrement attiré par les animaux avec lesquels il communiquait éton-namment, c'est à eux qu'il a consacré le meilleur de son talent. Il a passé des jours entiers à observer les animaux dans la nature, au zoo, dans la campagne, dans les expositions canines et chez les particuliers. Il a ainsi créé une quantité impressionnante d'œuvres dispersées de par le monde dont plus de cent portraits de chiens de race qui constituent une collection unique : fox à poil dur, fox terrier, berger picard, berger belge, colley, dogue de Bordeaux, boxer, bedlington, chow-chow. Saint Hubert, toy, korthals, épagneul breton, setter...

 

Dictionnaire des sculpteurs animaliers, Jean-Charles HACHET.