Christophe Fratin

Christophe Fratin commence son apprentissage à Metz, sa ville natale, avec son père, taxidermiste, qui lui enseigne quelques notions d'anatomie. Il étudie ensuite la sculpture avec Pioche de retour à Metz après avoir connu le succès à Paris. Plus tard, élève du célèbre peintre Géricault, Fratin s'installe à Paris où il fait une brillante carrière, participant régulierement au Salon de 1831 jusqu'à sa mort. Au Salon de 1831, alors que Barye présente son fameux Tigre au Gavial, Fratin expose des modèles en cire dont un Cheval pur-sang anglais. Parmi les sujets animaliers auxquels il se consacre entièrement, il a une prédilection pour les chevaux et les groupes équestres (héritage de Géricault, peut-être ?). Toutefois, il exécute aussi quantité de sculptures, souvent de petite taille, représentant des animaux domestiques ou des animaux sauvages seuls ou avec leur proie. Au total, ce sont plus de six cents modeles qui vont peupler le bestiaire de Fratin. Parmi eux, figurent, outre ses chevaux, fauves, cervidés, animaux domestiques, des singes et des ours anthropomorphes.

De 1849 à 1864, les quinze catalogues de Fratin répertorient une vingtaine de singes anthropomorphes (Singe à sa lecture, Singe marinier, Singe chiffonnier de nuit, Singe danseur, Singe chinois, Singe portant une hotte...) et une quarantaine d'ours (Ours couché lisant un journal politique, Ours lisant "La patrie", Ours fumeur d'opium, Ours philosophe, Ours joueur de cornemuse, Ours, la correction...). Dans ce registre des animaux anthropomorphes, les singes sont souvent utilisés par Fratin associés aux ours pour la réalisation d'objets décoratifs : Ours et singe porte-cigares, Ours et singe porte-allumettes, Ours et singe pédicure, Ours et singe barbier...

Considérés par l'artiste comme un divertissement, ces petits sujets anthropomorphes n'ont jamais été exposés au Salon. Mais ils ont connu un grand succès tout au long du XIXème siècle et même au-delà. La carrière de Fratin est couronnée de succès non seulement en France, mais aussi à l'étranger. Dans notre pays, il reçoit de nombreux prix et bénéficie de plusieurs commandes officielles notamment pour des ouvrages destinés à orner des places publiques à Paris et à Metz. A l'étranger, ses œuvres sont très appréciées, en particulier en Allemagne, en Autriche et aux U.S.A. Il est l'auteur d'un groupe représentant deux aigles avec leur proie, placé au Central Park à New-York. Sa participation à l'exposition de 1851 à Londres lui vaut une médaille et une grande notoriété.

Il est classé parmi l'un des plus grands sculpteurs de l'époque. Comme Barye, Fratin est un adepte du courant romantique. Toutefois, il a son propre style qui le distingue des autres artistes. Contrairement à Barye, il ne s'attache pas à reproduire le moindre détail anatomique et, transgressant les lois appliquées par les sculpteurs animaliers, il humanise parfois ses sujets, notamment ses ours. Ses sculptures ont, d'Une manière générale, subi l'influence de son grand maître, le peintre Géricault. Christophe Fratin a édité en bronze une grande partie de ses œuvres. Mais, ne possédant pas de fonderie personnelle, ses bronzes ont été coulés par des fondeurs de l'époque, parmi lesquels Susse Frères, et plus tard Daubrée. Il s'agit en général de fontes de bonne qualité.

Beaucoup de ses modèles ont été réalisés en terre cuite, matériau très fragile. Ils se sont par conséquent souvent mal conservés et c'est pourquoi l'œuvre de Fratin apparaît moins abondante que celle de Barye ou de Mène.

Parmi ses œuvres en bronze, citons : Ecorché de cheval (présenté au Salon de 1933), Vautour dévorant une gazelle, Tigre terrassant un jeune chameau, Lion dévorant un zèbre, Eléphant tuant un tigre, Cheval mort, Cheval pur-sang (Salon de 1850), Cheval attaqué par un lion, Cerf aux abois. La principale collection regroupant ses œuvres est à Metz, mais on trouve également des sculptures de Christophe Fratin à la collection Wallace à Londres et au Peabody Institute (Baltimore).