Patrice Bac partage avec ses amateurs, la passion de la chasse et des beaux-arts. «De la chasse, j'aime tout, de l'alouette au buffle», répète-t-il à l'envi. Enfant, il découvrit la chasse de marais, dans un gabion (sorte de hutte en miniature) en baie d'Authie, véritable paradis pour les chasseurs de gibier d'eau entre la Somme et le Pas-de-Calais.
«Quand nous rapportions deux siffleurs, c'était le paradis», se souvient-il.
Sa passion du dessin remonte elle-aussi à l'enfance. Impressionné par les talents de peintre de son père et plus encore de son grand-père, un «excellent dessinateur à l'encre de Chine», il demanda à sa mère s'il pouvait copier Utrillo et Vlaminck. Plutôt que d'intégrer les Beaux-Arts, il choisit double formation à l'École Boulle et à lÉcole Camondo, école d'architecture intérieure et de design, ce qui lui permit « d'acquérir un trait tout en ayant conscience d'une belle maîtrise de l'objet». Il passait de longues journées dans les musées, particulièrement au Louvre, découvrant les styles et les maîtres de toutes époques car «c'est auprès des grands que l'on peut voir tout le chemin qui nous reste à accomplir».
En peinture, ses goûts sont éclectiques: il aime Rubens et Jean-Michel Basquiat, tout en admirant la délicatesse et l'élégance d'un Boldini ou d'un Xavier de Poret.
Sa carrière d'artiste animalier était alors bien lointaine. En effet, pendant une quinzaine d'années, il entreprit de nombreux travaux d'aménagement intérieur et de décoration principalement au Moyen-Orient, avant de regagner le France.
Après s'être consacré au design et à la création de meubles, il embrassa la carrière des beaux-arts. Par passion pour la mer, il commença à exécuter et à exposer des marines de l'ile de Ré avant d'ouvrir, en 1994, une petite boutique à Saint-Martin-de-Ré. En parallèle, il peignit des toiles reproduisant du gibier d'eau, exposant dans de nombreuses galeries et lors de manifestations cynégétiques (Country Show, Game Fair, Salon de la chasse de Rambouillet).
En 2007, il ouvrit sa propre galerie à Paris, à la fois lieu d'exposition, de vernissages et de rencontre avec ses clients. «On n'a pas toujours envie de se plier aux désidératas de ses acquéreurs mais, en même temps, il faut les écouter, s'en tenir à leurs exigences qui sont souvent pertinentes. Je réalise beaucoup de peintures de commandes», reconnaît-il. Les scènes de chasse dans les marais et les bois sont les sujets les plus demandés, à commencer par la chasse au sanglier. On ne peut également manquer ses multiples études de chiens (springers, labradors, pointers et braques allemands) ou ses toiles montrant la luminosité presque aveuglante de grands espaces sauvages, la force des éléphants et des antilopes, la puissance des fauves d'Afrique.
À regarder attentivement ses œuvres sur les cimaises de sa galerie, l'idée de profusion vient immédiatement à l'esprit. Profusion de détails dans ses études de gibier d'eau où l'oiseau peut être reproduit jusqu'à neuf fois sous différents angles. Profusion de couleurs jouant sur les contrastes avec des tonalités d'orangés, de vermillons, de jaunes et de rose. Profusion de mouvements enfin car «il faut qu'il se passe quelque chose». Dans ses compositions, des colverts se battent pour une cane, tandis que des pilets se déplacent sur un étang immobile, un éléphant charge ou des ragots fuient dans un sous-bois enneigé. Même lorsque Patrice Bac exécute des animaux au repos, rien n'est anodin, ni statique. On sent chez sa panthère couchée, la force prête à se déchaîner et la passion de la chasse chez l'épagneul breton aux yeux pétillants de malice.
Sa peinture, fruit d'une observation intense saisit l'instant. En effet, Patrice Bac travaille beaucoup sur le motif, principalement au cours de ses chasses. La chasse en France mais aussi à l'étranger, en Argentine et au Burkina Faso est pour lui «un besoin viscéral», et une inépuisable source d'inspiration. De ses observations sur le terrain, il retire de nombreux croquis, ce qui ne l'empêche nullement de travailler sur documents et sur photographies. Si le peintre réalise toujours des marines, il exécute aussi, à l'aide d'un trait vif et puissant, parfois presque surligné, des bouquets de fleurs, des taureaux de combat très réussis dans leurs attitudes, et des chevaux. L'artiste travaille beaucoup et rapidement, appréciant particulièrement les grands formats. Après avoir exécuté beaucoup d'aquarelles, il s'est mis à l'huile, puis pour des raisons d'allergie à l'essence de térébenthine, à la peinture acrylique, tout en exécutant des sanguines et des pastels. Son corpus est déjà composé de plus 4000 œuvres, les demandes affluant aujourd'hui de collectionneurs français et belges. Depuis quelques années, l'artiste s'est lancé un nouveau défi, la sculpture. « Cela fait une vingtaine d'années que j'y pensais, car réaliser une œuvre en trois dimensions a quelque chose de fascinant et de passionnant.
C'est un véritable aboutissement», insiste-t-il. Travaillant en atelier, il produit des terres cuites et de petits bronzes mettant en scène des sangliers à l'aspect à la fois bourru et puissant ainsi que des chevreuils ou des rhinocéros.
En 2014, Patrice Bac a illustré l'ouvrage de Thierry Delfosse, Dans le lit de la lézarde (Versicolor éditions). Il étudie actuellement avec d'autres artistes un futur ouvrage sur la vénerie.
Depuis quelques années, entouré de passionnés avec lesquels il partage la quête d'animaux, Patrice Bac se consacre à retranscrire sa passion pour la nature au travers de son art produisant des œuvres intenses et expressives: un brocard inquiet, le craquement de quelque bois mort dans le brouillard, aprês une longue attente, le chuintement dans le bleu marine d'une volée de pilets, becs flutés, qui s'effacent dans le rose du couchant, un raire dans la douceur de septembre...
L'Animal en Majesté, Jours de Chasse, VALMONDE, 2015