Un oie endormie. Ma première rencontre avec l’oeuvre de Roch Vandromme fut cette imposante sculpture d’une oie en boule. Imposante par sa taille puisqu’à l’échelle naturelle d’une oie de Toulouse, mais imposante par la présence qu’elle dégageait et le silence qu’elle imposait. La tête posée sur le dos, le bec masqué par les ailes, l’oeil veillait. L’animal dans son plus simple appareil, avec un aspect esquissé transcendé par le bronze. Voila les deux caractéristiques de l’artiste que je notais et qui le singularise toujours. 

Après un passage à l’Académie des Beaux-Arts en architecture, c’est auprès de Charles Gadenne (1925-2012) dans le Nord qu’il se forme au modelage de la glaise. L’animal s’impose de lui même dans ses Flandres natales près de Dunkerque où il travail toujours - à l’époque beaucoup d’élevages dans les fermes encore - et en 40 ans de sculpture, c’est plus de quatre cents modèles qui sont naît de ses mains. On peut y percevoir une certaine histoire de la Ruralité de ces dernières décennies. L’animal et l’artiste sentinelle des pâtures ?

En effet, si la vache, le cheval de trait, les oies et autres chèvre ont toujours été présente dans son bestiaire, c’est au grès des rencontres et de ses visites au Jardin des Plantes, qu’il s’attache aussi aux ours, hippopotames et autres singes de contrées lointaines.

Représenter l’animal dans ce qu’il a de plus rustique ou de plus exotique. 

Un credo simple d’apparence mais la force de son modelé réside dans sa façon de faire ressortir la personnalité de l’animal qu’il sculpte. Que ce soit sous la forme d’un portrait ou d’une attitude c’est une relation particulière qu’il noue avec chaque modèle, leur prénom figurant dans le titre pour la plupart d’entre eux. Il réalise des « crobards » sur le vif, pour capter la fraction d’un geste au plus près. Puis de retour à l’atelier, il le traduit dans la glaise. Vous pouvez ainsi découvrir les gestes amusants d’un ours, la tendresse d’un orang-outan, la maternité d’une brebis, la fougue des chevaux, la malice des vaches, l’orgueil du coq, la naissance d’une chèvre et son épilogue…